L’économie malienne a fait preuve de résilience malgré les sanctions de la Cedeao Les perspectives pour 2023 sont sujettes à des risques liés au resserrement des conditions de financement, note la Banque mondiale dans son rapport.
Hier, dans un hôtel de Bamako, la Banque mondiale a présenté son rapport sur la situation économique et la pauvreté au Mali en 2023, intitulé : Renforcer la résilience financière des agriculteurs face à la sécheresse. L’atelier était présidé par Abdrahamane Coulibaly, Senior Operations Officer à la Banque mondiale. Des représentants de la société civile, d’organisations non gouvernementales (ONG), du secteur privé et du monde universitaire ont participé à la session.
Cette note, publiée chaque année par la Banque mondiale, décrit l’évolution de la situation socio-économique récente du pays et identifie chaque année un thème spécial pour une étude plus approfondie. L’édition 2023 se concentre sur les opportunités de renforcer la résilience financière des populations vulnérables aux risques de sécheresse.
Selon le document de 50 pages, l’économie malienne a montré des signes de résilience malgré les sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cependant, l’inflation alimentaire reste élevée, tout comme les infestations de parasites. Ces contraintes ont affecté la production de coton. La croissance du produit intérieur brut (PIB) est estimée à 1,8 %, soutenue par la reprise des cultures vivrières et la résistance de l’or et des télécommunications. L’inflation annuelle moyenne a atteint 9,7 % en 2022, principalement en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires.
Le directeur des opérations de la Banque mondiale rappelle que l’importance du secteur agricole dans le PIB du Mali rend les performances économiques du pays largement dépendantes des risques climatiques, comme le montre l’impact des attaques de ravageurs sur la production de coton en 2022. Le rapport de la Banque mondiale sur le climat et le développement (CCDR) au Sahel, publié en 2022, estime que les effets du changement climatique pourraient coûter jusqu’à 11% du PIB du Mali d’ici 2050, a rappelé Abdrahamane Coulibaly. Cette perte de croissance, a-t-il dit, découle des principaux canaux de transmission du changement climatique à l’économie, notamment les effets de la sécheresse sur la productivité du secteur de l’élevage au Mali.
Le directeur des opérations de l’institution de Bretton Woods a expliqué que la note de cette année explore la possibilité d’utiliser les informations satellitaires pour anticiper la sécheresse et mobiliser l’assistance aux personnes vulnérables le plus rapidement possible.
En termes de projections, le rapport indique que les perspectives de l’économie malienne en 2023 sont soumises à des risques liés au calendrier électoral et au resserrement des conditions financières. Selon le document, la hausse du coût de financement sur le marché régional au cours des 12 derniers mois apparaît comme un risque majeur pour le besoin de financement intérieur brut du Mali.
Le document de la Banque mondiale montre que le resserrement de la politique monétaire a entraîné une hausse des rendements des bons du Trésor à 6-12 mois et à 5 ans pour les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Selon la même source, les risques de liquidité et de refinancement et les difficultés des finances publiques qui en découlent pourraient peser sur l’économie et la société dans son ensemble, en réduisant les dépenses sociales et les investissements et en exacerbant potentiellement l’accumulation des arriérés.
Le rapport consacre le deuxième chapitre au financement des risques de catastrophe et aux outils d’assurance pour réduire les impacts socio-économiques négatifs des chocs climatiques. Il montre que le Mali a connu au moins 40 chocs climatiques majeurs entre 1970 et 2020, et que les sécheresses ont affecté environ 400 000 personnes par an. Le rapport recommande toutefois de renforcer la résilience financière face à cette sécheresse en introduisant des instruments pour protéger des secteurs importants tels que le pastoralisme et l’agriculture.
Amadou GUEGUERE