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Transitions au Mali, au Burkina Faso et en Guinée : le spectre des sanctions de la CEDEAO ?


Après le 63ème sommet ordinaire de la CEDEAO en Guinée-Bissau dimanche 9 juillet, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée Conakry risquent désormais d’importantes sanctions s’ils ne respectent pas le délai de 24 mois fixé aux trois pays en transition pour revenir à l’ordre constitutionnel. Est-ce le début d’un nouveau bras de fer ?

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont annoncé dimanche à Bissau la probabilité de sanctions importantes contre le Mali, la Guinée et le Burkina Faso si les délais fixés pour le retour à l’ordre constitutionnel ne sont pas respectés. Selon le calendrier fourni par les autorités de transition maliennes, le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le dimanche 4 février 2024, tandis que le second tour est prévu quinze jours plus tard, le 18 février.

Après la tenue et le vote massif en faveur du référendum constitutionnel, on peut dire que notre pays est en passe de respecter le calendrier électoral soumis à la CEDEAO. Cependant, avec la menace de sanctions brandie par l’organisation sous-régionale, il est aisé de constater qu’elle met en doute la volonté des différents chefs d’Etat de ces pays de respecter les dates fixées.

Le Président de la Commission de la CEDEAO, Oumar Aliou Touray, au cours de la conférence de presse qui a marqué la fin de la 63ème Conférence ordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’organisation sous-régionale, a menacé de sanctions ceux qui ne s’y conformeraient pas. Les chefs d’État ont insisté sur le strict respect du calendrier électoral. Les autorités de transition ne doivent pas entraver le travail des médiateurs. Le non-respect du calendrier pourrait entraîner des sanctions importantes, a déclaré M. Touray, assurant que la conférence a exhorté les trois États à respecter le calendrier de transition de 24 mois de manière transparente et inclusive avec toutes les parties prenantes. Toutefois, aucun détail n’a été donné sur la nature des sanctions majeures auxquelles ces États pourraient être confrontés s’ils ne respectent pas le calendrier soumis à la CEDEAO.

La conférence a cependant déploré le manque de coopération des autorités de transition des trois pays, comme en témoigne l’impossibilité pour les trois médiateurs de la CEDEAO de se rendre dans les pays de transition avant le sommet. La conférence a vivement regretté cet état de fait, a-t-elle insisté, en affirmant la détermination de la CEDEAO à apporter l’appui nécessaire au retour à l’ordre constitutionnel dans les trois pays.

Discours du nouveau président

Le Président nigérian Bola Ahmed Tinubu a été élu à la tête de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Organisation pour un mandat d’un an. D’emblée, il a souligné la nécessité de travailler main dans la main pour améliorer l’intégration économique inclusive en Afrique de l’Ouest. Il a estimé qu’il était essentiel de lancer un avertissement. Selon lui, les peuples ont trop souffert et le rôle des chefs d’Etat est de s’engager à respecter les règles et les principes démocratiques. Vous pouvez compter sur moi pour le faire. Le Nigeria est de retour », a-t-il insisté, promettant de s’opposer aux changements anticonstitutionnels.

Nous devons rester fermes sur la démocratie. La démocratie est la meilleure forme de gouvernement () Nous devons être un exemple pour le reste des pays d’Afrique. Sans démocratie, il n’y a pas de liberté, pas d’Etat de droit. Nous ne permettrons jamais un coup d’état après l’autre en Afrique de l’Ouest », a souligné le Président nouvellement élu.

Le Président sortant Umaro Sissoco Embalo a décrit la prise de pouvoir par la force des armes et la prolongation des dures transitions au Mali, en Guinée et au Burkina Faso comme une régression évidente des valeurs de l’Etat de droit et de la démocratie. Le retour à un ordre constitutionnel normal dans ces trois pays frères est une condition impérative de la stabilité politique et de la promotion de l’État de droit démocratique pour le bien de notre communauté sous-régionale », a noté le président de la Guinée-Bissau dans son discours d’ouverture du sommet.

Pour l’instant, aucune réaction n’est venue des pays concernés, mais une chose est sûre : la crédibilité de cette institution sous-régionale est en jeu. Certains estiment que l’institution ferme les yeux sur les violations de la Constitution par les différents présidents, ce qui conduit inévitablement à des coups d’Etat. Rappelons que ces trois pays ont successivement connu des opérations de putsch qui ont renversé des présidents démocratiquement élus, provoquant ainsi d’interminables transitions et l’adoption de réformes parfois contestées par les dirigeants politiques.

Ahmadou Skou Kanta

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