L’année 2022 s’achève, dans quelques heures, sur un sentiment de désillusion voire d’amertume pour le plus grand nombre de nos compatriotes.
.Les autorités de la transition, qui ont fourni, il est vrai, d’un pays en état de décomposition avancé, n’ont pas su faire face, avec la diligence et l’efficacité appropriée, à leur demande pressante de nourriture, de logement, de santé, d’éducation, d’environnement proprement dit. Pour tout dire de bien-être social.
. Le terrorisme djihadiste, familier du paysage malien depuis les années 2000, a réalisé des gains territoriaux substantiels, profitant du vide créé par le retrait des forces françaises et européennes et la paralysie de la Force conjointe du G5-Sahel suite au départ du Mali. Un vide qui, il faut bien en convenir, tarde à être comblé par les FAMa et leurs nouveaux alliés russes.
. Après un embourbement de sept ans, le processus de paix au nord est plus que jamais au bord de la rupture avec la décision récente des Mouvements signataires de l’Accord d’Alger les plus significatifs de suspendre leur participation aux organes chargés de sa mise en œuvre jusqu’à ce que la demande de la CMA, relative à « la tenue d’une réunion urgente sur un terrain neutre » avec la Médiation internationale, à l’effet d’une évaluation complète, soit satisfaite.
. La refondation de l’Etat, facteur de division supplémentaire des forces politiques et sociales, qui a servi à légitimer le second coup d’Etat militaire du 21 mai 2021 et à proroger la transition deux années, avance à pas de tortue. Dans un entretien de fraîche donné avec la presse publique, le ministre de la Refondation de l’Etat, Ibrahim Ikassa Maïga révélait que le Cadre Stratégique élaboré à cette fin prévoit cinq années pour la mise en œuvre des 517 recommandations issues des Assises Nationales de la Refondation (ANR) tenues fin décembre 2021. Ceci peut expliquer cela. Le bateau de la Transition est trop lourdement chargé pour avancer à la cadence souhaitable.
Mais il y a, assurément, d’autres explications tenant au déficit d’inclusivité qui a marqué, dès sa prise de fonction, la démarche du Premier ministre Choguel Maïga et la faiblesse de son ascendant sur l’administration, bien qu’en étant le chef constitutionnel. Or, force est de constater qu’une transformation de la grande cellule recherchée n’est réalisable qu’avec l’adhésion de toutes » les forces vives de la nation » et la participation d’une administration compétente et entièrement acquise à la cause.
. Conséquence du même manque d’inclusivité, le processus électoral paraît compromis par les déchirements autour du maintien de l’actuelle constitution révisée, réclamé par la majeure partie de la Classe politique et de la société Civile et la mise en place d’une nouvelle Constitution préconisée par l’ANR.
Terminons ce survol rapide de l’année 2022 par deux observations : le Mali reste suspendu des instances de la CEDEAO et de l’UA ; ce qui représente une perte de voix et de présence au sein de ces deux organisations sous-régionales et continentales. Il a échoué dans sa tentative de convoquer « une rencontre urgente » du Conseil de sécurité de l’ONU pour confondre et faire condamner la France pour » violations répétées de son espace aérien, atteintes à sa souveraineté et soutien aux groupes djihadistes« . Ce qui porte un coup sévère à sa renommée internationale.
Et, pour aggraver davantage la situation, il y a eu cette malheureuse affaire des 46 soldats ivoiriens arrêtés pour « mercenaire » et traduits devant la justice.
Pour toute l’année 2022, l’été sera assemblé pour une série de contre-performances basées sur de multiples évaluations au double plan intérieur et extérieur. Ceux qui ont en charge la gestion du pays doivent en tirer les leçons pour 2023.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant