Alors que le secteur agricole marocain trouve dans le SIAM la vitrine appropriée pour se promouvoir, la question de l’eau s’est inévitablement imposée comme un thème incontournable dans les débats. Face au changement climatique et au stress hydrique que connaît notre pays, il est urgent de revoir notre modèle agricole, car il est impératif de garantir notre approvisionnement en eau et notre sécurité hydrique.
Dans ce cadre, le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, est intervenu pour détailler la vision du gouvernement et les projets en cours dans le domaine de la gestion de l’eau. Cette prise de parole a eu lieu le 3 mai, lors de l’émission scientifique en marge du SIAM.
« Grâce aux efforts consentis par l’Etat, le Maroc dispose d’un important patrimoine d’ouvrages hydrauliques, composé de 152 grands barrages d’une capacité de 19,8 milliards de mètres cubes, ainsi que de 18 grands barrages en construction, qui permettront d’atteindre 25 milliards mètres cubes. 136 petits barrages sont en fonctionnement, ainsi que des milliers de puits, 12 stations de dessalement d’eau de mer et 158 stations de traitement des eaux usées», a précisé le ministre.
Malgré cela, les contraintes restent importantes en termes de mobilisation des ressources en eau. « Les précipitations enregistrées dans notre pays de début septembre 2022 jusqu’au 28 avril 2023 ont été comprises entre 30 et 326 mm, ce qui a constitué un déficit estimé de 30% par rapport à la moyenne de la même période. En plus d’autres contraintes, telles que l’augmentation de la demande en eau, la surexploitation des nappes phréatiques, la pollution, etc.», a expliqué Nizar Baraka.
Vision réelle
Le dossier est personnellement suivi par Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui a donné ses hautes directives pour activer divers projets en ce sens. Il s’agit premièrement d’accélérer la construction des barrages prévus, d’insister sur les sources non conventionnelles telles que le dessalement de l’eau de mer et le traitement des eaux usées, ainsi que sur les économies d’eau et la gestion de la demande, et quatrièmement de sauvegarder les eaux souterraines. « SM lLe roi a également insisté sur la mise à jour permanente des stratégies sectorielles de l’eau», a rappelé le ministre.
« Il est important pour nous, dans ce gouvernement, d’assurer la sécurité de l’eau d’une part et la sécurité et la souveraineté alimentaires d’autre part. La meilleure preuve en est le dessalement de l’eau de mer, qui connaîtra un développement important dans les années à venir. Une partie de l’eau produite par les usines de dessalement ira à l’irrigation ». a expliqué Nizar Baraka dans son discours.
C’est déjà le cas pour la station d’Agadir, ainsi que pour Dakhla, où une partie importante de l’eau ira à l’irrigation sur 5 000 hectares. Le même modèle sera adopté pour l’usine de dessalement de Casablanca, qui sera la plus grande d’Afrique avec une production annuelle de 300 millions de m3 par an, explique-t-il.
Parallèlement au dessalement, le gouvernement poursuit une stratégie de liaison des bassins versants. « Depuis fin 2022, les travaux ont commencé pour relier les réservoirs du Sebou et du Bouregreg afin de pouvoir le mettre en service cet été, donc dans un délai très court. Celui-ci transportera entre 300 et 400 millions de mètres cubes de Sebou vers le barrage Mohamed Ben Abdellah, qui garantira l’alimentation en eau de Rabat et de Casablanca.», assure le ministre. Dans une deuxième phase, cette liaison passera de 67 km à 300 km jusqu’au barrage d’El Massira. Cela assurera l’irrigation dans des régions telles que Doukala et Beni Amir.
Le ministère de l’Agriculture et le ministère de l’Eau collaborent également pour économiser l’eau d’irrigation, se fixant l’objectif d’atteindre 1 million d’hectares de surface couverte par le goutte à goutte d’ici 2030, avec l’adoption de cultures moins consommatrices d’eau. Enfin, le ministre a annoncé un projet cadastral multidimensionnel avec la Conservation Foncière, afin d’inclure des données très détaillées sur les ressources en eau et les besoins en eau des zones concernées.