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Comment le Maroc continue d’éviter le scénario apocalyptique

Alors que les derniers jours d’avril passent, le retour de l’été se profile à l’horizon, avec des canicules et parfois, hélas, des pénuries d’eau potable. Une situation vécue par les pays du Maghreb avec plus ou moins d’intensité et de résilience, surtout après plusieurs années caractérisées par une baisse importante des précipitations et une longue période de sécheresse. Si jusqu’à présent la pénurie d’eau se faisait le plus sentir en Algérie avec des interruptions d’approvisionnement en eau potable devenues monnaie courante dans plusieurs régions, la Tunisie semble cette année aussi souffrir de plein fouet de l’insécurité hydrique. En témoigne l’arrêté du ministère tunisien de l’agriculture, de la pêche et des ressources hydrauliques, publié le 31 mars 2023, qui interdit l’utilisation de l’eau potable en agriculture avec effet immédiat pour une durée de 6 mois à compter de septembre 2023.

La décision des autorités tunisiennes s’applique également à d’autres activités, notamment l’irrigation des espaces verts, le nettoyage des rues et des espaces publics, ainsi que le lavage des voitures, et ce sur l’ensemble du territoire. Malgré son caractère impopulaire, cette mesure est le seul moyen trouvé par les décideurs de l’Etat tunisien pour optimiser les chances d’éviter les ruptures d’approvisionnement en eau potable pendant les longs mois d’été qui s’annoncent.

Changement climatique

Actuellement, les trois pays du Maghreb sont confrontés à une réalité implacable : le changement climatique et ses diverses manifestations extrêmes sont à l’œuvre plus que prévu. Ainsi, selon un rapport du Réseau méditerranéen d’experts sur l’environnement et le changement climatique (MedeCC), la zone connaît une augmentation des températures à un rythme supérieur de 20% aux moyennes mondiales, qui pourrait, sans autre action, atteindre +2 .2 °C depuis 2040 et monter jusqu’à +3,8 °C dans certaines régions en 2100. m3 par an et par habitant et 410 m3 par an et par habitant en Tunisie. Ces chiffres sont évidemment à prendre avec précaution car il s’agit d’estimations. Cela dit, en termes d’ordre de grandeur, ces moyennes reflètent une réalité où le Maroc a un certain avantage.

Or, les trois pays sont tous en dessous du seuil de pénurie d’eau, défini comme inférieur à 1000 m3 par an et par habitant », explique un expert en gestion des ressources en eau. Si le Royaume semble relativement privilégié par rapport à ses voisins orientaux, l’une des raisons principales est un certain « avantage de précipitations » dérivant de sa position géographique et de ses reliefs de haute montagne.

La poussée de l’Atlas

« Les montagnes de l’Atlas au Maroc sont considérées comme l’un des châteaux d’eau de l’Afrique et reçoivent plus de précipitations que leurs environs plus bas. Avec des variations extrêmes dans les caractéristiques géographiques, la proximité de la côte, etc., les précipitations au Maghreb sont très variables à la fois dans l’espace et dans le temps. C’est au Maroc que l’on observe la plus grande variation des précipitations. Avec des quantités supérieures à 800 mm dans les zones montagneuses du Nord (avec excès conséquent de précipitations par rapport à l’évapotranspiration) à moins de 300 mm dans le Sud (déficit de précipitations par rapport à l’évapotranspiration) », lit-on dans un autre rapport, publié dans le avril 2021, sur l’utilisation de l’eau dans le secteur agricole au Maroc, en Algérie et en Tunisie.

Si le Royaume se trouve favorisé dans sa situation hydrique actuelle, les raisons ne peuvent cependant pas être réduites à ses seuls atouts naturels. « Par rapport aux autres pays de la région, le Maroc est très avancé dans sa stratégie en matière de gestion des ressources en eau. Les autres pays du Maghreb s’inspirent souvent du Maroc dans leurs politiques. En revanche, force est d’admettre qu’il y a un effort à faire en termes d’opérationnalisation des politiques de l’eau engagées par le Royaume », Dr Redouane Choukr’Allah, expert en agriculture durable et co-auteur du rapport, nous a expliqué en 2021. question…

Intensification des efforts

Depuis lors, le projet vital de l’eau au Maroc a encore pris de l’ampleur, capitalisant sur des réalisations précieuses, notamment en matière d’infrastructures hydrauliques. Ainsi, la gestion intégrée des ressources en eau – qui a été inscrite dans l’arsenal réglementaire national – est progressivement mise en œuvre à travers une approche territorialisée par les Agences de Bassin Hydraulique et les différents acteurs. Une dynamique qui s’est encore intensifiée suite aux indications de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui avaient été déclinées lors de son discours prononcé au parlement en octobre dernier. Ainsi, pour résumer l’approche stratégique actuelle du Ministère de l’Equipement et de l’Eau, M. Nizar Baraka avait récemment expliqué qu’outre le pilier « classique » lié à la mobilisation de l’eau conventionnelle, la vision actuelle est de travailler au renforcement de deux autres nouvelles stratégies stratégiques piliers, à savoir : l’utilisation de l’eau non conventionnelle et la gestion de la demande en eau. « Avant il s’agissait plutôt de gérer l’approvisionnement en eau, aujourd’hui nous pensons qu’il est essentiel de maîtriser la demande en limitant le gaspillage, en augmentant la rentabilité des réseaux de distribution d’eau et en activant les contrats de linge de table.

L’idée de base est que nous avons maintenant une stratégie dans laquelle les efforts sont équilibrés au niveau de ces trois composantes et catégories d’action », précise le ministre. Si le Maroc n’a pas échappé à des épisodes de pénurie au cours desquels il a fallu mettre en place des mesures d’urgence, force est de constater que notre pays continue d’affronter les défis de l’eau avec autant de lucidité que de sérénité.

Omar Assif

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