Bank Al-Maghrib (BAM) ne fait plus l’exception à l’échelle mondiale. Son Conseil, ici tenu le 27 septembre à Rabat sa troisième réunion de l’année, aux fins de réévaluer le taux directeur de 50 points de base à 2 % dans l’espoir de maîtriser l’inflation galopante. Abdellatif Jouahri, wali de BAM, assure que l’impact de ce relais sur la croissance sera limité : entre 0,1 et 0,2 %. Et pour s’assurer que les banques répercuteront « correctement » cette hausse sur la clientèle, une réunion est prévue avec leurs présidents. Quant à la sortie du Trésor sur le marché international, Jouahri a été clair : le moment n’est pas opportun et d’autres alternatives sont là, comme la LPL ou encore les droits de tirage spéciaux, les fameux DTS.
La deuxième réunion du Conseil de la Banque centrale depuis juin dernier, où il a été décidé de maintenir le taux directeur préférentiel, il y a eu une forte accélération de l’inflation, a indiqué le wali de Bank Al-Maghrib. Alimentée, essentiellement par des pressions d’origine externes, l’inflation a été poussée encore vers des niveaux exceptionnellement élevés à travers une large diffusion vers les prix des non échangeables. D’ailleurs, sur les 116 sections de produits et services qui composent le panier de référence de l’indice des prix à la consommation, établi par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), 60,3 % ont connu une augmentation de 2 % en août contre 42,2% en janvier 2022 et 23% en moyenne entre 2018 et 2019. En juin, précise Abdellatif Jouahri, les biens non échangeables, dans leur globalité, avaient enregistré une hausse limitée des prix de 1,4%, alors qu ‘en août, ils ont frôle les 3%.
Mieux vaut prévenir que guérir
Oui, l’objectif de la Banque centrale est de limiter l’inflation à environ 2 %, cette cible est aujourd’hui largement dépassée. Une réaction s’impose pour prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et assurer les conditions d’un retour rapide à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. « Le vaut mieux payer un prix léger en agissant rapidement et efficacement sur l’inflation à travers le rehaussement du taux directeur, plutôt que d’attendre et de la voir se généraliser et durer. Oui, l’inflation se généralise et dure, nous serons obligés de prendre des mesures encore plus draconiennes avec des conséquences plus endommageables à la fois sur les particuliers et les entreprises », prévient le patron de l’institut d’émission. En prenant en considération l’effet de relais du taux directeur, l’inflation devrait revenir à 2,4% en moyenne en 2023, après 6,3% attendus cette année.
Taux directeur : L’option d’une hausse de 75 points de base abandonnée
«Malgré le fait que l’inflation soit de 2,4% en 2023, avec 2% de l’argent, le Conseil n’a pas opté pour une hausse du taux directeur plus important, soit 75 points de base. On en a discuté, mais le Conseil a finalement retenu une augmentation de 50 points de base », a révélé Abdellatif Jouahri. À ses yeux, dans les circonstances actuelles, caractérisées par une incertitude exceptionnellement élevée, le Conseil a cessé une hausse de 75 points de base. Corn, the will continue à suivre de plus près l’évolution des données.
L’impact de la hausse du taux directeur jugé minime sur la croissance
Le Conseil de Bank Al-Maghrib, lors de sa troisième session de l’année 2022, a également évoqué l’impact de la hausse du taux directeur sur la croissance. « Il n’est pas énorme, autour de 0.1 à 0.2% », a assuré Jouahri, lors de son point de presse postConseil. « Je dirai même que la contribution la plus positive qu’une Banque centrale peut apporter à la croissance, c’est de juguler rapidement les pressions inflationnistes, pour prévenir tout désancrage des anticipations », at-il soutenu. Rappelons que la croissance économique marquerait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, un net ralentissement cette année à 0,8 %, résultat d’un recul de 14,7 % de la valeur ajoutée agricole et d’une décélération à 3,4 % du rythme des activités non agricoles. En 2023, elle s’accélérerait à 3,6 % en lien avec la hausse prévue de 11,9 % de la valeur ajoutée agricole
Croissance : Convergences des missions BAM-Gouvernement en période d’inflation
Pour le patron de BAM, en période d’inflation, il y a des missions réciproques des uns et des autres. Les missions des banques centrales, c’est de lutter contre l’inflation, de ramener les prix à un niveau compatible avec une croissance inclusive et durable … Le soutien au pouvoir d’achat et la croissance, relayve, he, de la responsabilité du gouvernement. D’ailleurs, at-il expliqué, le gouvernement a pris un ensemble de mesures dans ce sens, qui ont été prises en considération lors de la décision de hausse du taux directeur à 2 %. Parmi ces mesures, l’augmentation du budget de la compensation à 32 milliards de dirhams, le plan anti-sécheresse de 10 milliards, la hausse du SMIG et du SMAG, le soutien aux secteurs touristiques et du transport. « Pour les transporteurs, sur le plan budgétaire, 2,75 milliards de DH ont été mobilisés et d’ici la fin de l’année, ce montant sera porté à 5 milliards de DH », a détaillé Jouahri. Et ce n’est pas tout. Malgré la pression budgétaire, le gouvernement a continué d’assainir les arriérés de crédits TVA au profit des entreprises. Les remboursements ont atteint 13 milliards de DH à fin août.
Sortie du Trésor à l’international : Le moment n’est pas opportun
Abdellatif Jouahri a écarté l’option d’une sortie à l’international pour le Trésor actuellement. « J’estime que les conditions sont de plus en plus de difficultés sur le plan conjoncturel. Les bonnes fenêtres se réfèrent, ou ne sont pas là », at-il apparaît. Le responsable a précisé que le Trésor d’autres pistes. Il peut mobiliser l’ensemble des concours extérieurs sous toutes ses formes – financement, dons ou aides – auprès des organisations internationales et des partenaires. « Au niveau du financement du Trésor, à mon avis, cela ne pose pas de problème, parce qu’il y a au moins deux sources auprès de nous qu’il peut utiliser : la ligne de précaution et de liquidité (LPL) et le Droit de tirage spécial (DTS). Rien ne s’oppose à ce que le Trésor recoure à ces deux sources auprès de nous, parce que ce n’est pas contraire au statut de BAM, ni à celui des organisations internationales, notamment le FMI avec qui nous avons négocié la LPL et la DTS », a précisé le Wali de BAM.
Une réunion avec les présidents des banques sur la transmission de la politique monétaire
Le taux d’intérêt des banques est celui des canaux de transmission de la politique monétaire. En théorie, lorsque la Banque centrale augmente son taux directeur, les banques commerciales répercutent cette augmentation sur les taux d’intérêt des crédits qu’elles accordent à leurs clients. « Je vais me réunir avec les présidents des banques, au sujet de la transmission de la décision du Conseil. Je vais leur demander un suivi, un reporting, pour voir si cette hausse de taux se répercute correctement ou si les banques exagèrent vis-à-vis de la clientèle », a souligné Jouahri. « De toutes les façons, 85 à 90 % des contrats sont à taux fixes. La révision en est faite qu’au terme des échéances prévues dans les contrats. Et lors de cette révision, il ne faut pas qu’elles en profitent. Les patrons des banques me suivent là en direct (le point de presse a été diffusé en ligne, ndlr), et ils le savent : ce que je dis, je le fais » à-il lancé avec fermeté. Parmi les actions de contrôle, l’examen sur place via des inspections bancaires, notamment les dossiers de la TPE et des PME. « La grande entreprise, elle, sait se défendre », estime Jouahri. La Banque centrale travaille, par ailleurs, sur le projet de comparateur de taux et celui de date de valeur ainsi que sur la mobilité. Le comparateur de taux doit être prêt pour le début de l’année prochaine.
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