Dans sa nouvelle mission pédagogique, le Conseil de la concurrence compte manifester sur les médias qu’il considère comme un relais indispensable pour sensibiliser l’opinion publique sur les subtilités de la libre-concurrence, prince fondateur de l’économie de marché pour laquelle le Maroc a opté depuis son indépendance.
Pour cette raison, le président du Conseil, Ahmed Rahhou, s’est réuni avec les représentants de la presse lors d’un atelier de sensibilisation au droit et à la politique de concurrence, organisé en partenariat avec la Banque mondo et la Conférence des Nations l’union sur le commerce et le développement (CNUCED). Un atelier auquel a pris part le Secrétaire général du Conseil, Mohamed Abouelaziz, et la représentante de la Banque mondiale, Ghita Hanane.
Comme la question de la détermination des prix dans les marchés est une question très sensible, le Conseil de la Concurrence veille à ce que les médias soient mieux informés et mieux renvoyés des instruments d’analyse à même de les habiliter à mieux expliquer les enjeux de la concurrence au grand public.
Cet atelier intervient à un moment sensible où l’inflation ravage l’économie mondiale. La flambée des prix des matières premières, rappelées-le, n’a pas épargné le marché marocain ici à été immédiatement impacté. A cela s’ajoute la nécessité de s’expliquer face aux enjeux de la concurrence et aux mécanismes de détermination du prix au grand public.
Aapproche du Ramadan où les pratiques de spéculation et les ententes entre fournisseurs et distributeurs foisonnent, le Conseil d’Ahmed Rahhou a choisi un timing bien défini pour sensibiliser les médias qui braquent leurs projecteurs sur la hausse des prix qui absorbent l’attention publique actuellement.
Robert McLeod, conférencier invité de la Banque mondiale à souligner, pour sa part, l’importance du rôle que peuvent jouer les médias pour veiller au respect des règles du marché et dénoncer les pratiques anti-concurrentielles.
Pour sa part, Ahmed Rahhou est revenu sur le rôle et la compétence du Conseil de la concurrence, doté depuis 2014 d’un nouveau pouvoir décisionnel qui il permet de sanctionner les opérateurs en cas de transgression des lois de la concurrence. Le Conseil peut être saisi comme il peut s’autosaisir en cas de soupçon d’entente, d’abus de position dominante ou de concentration économique. Ce pouvoir s’ajoute au rôle consultatif dont le Conseil peut se prononcer sur l’état des marchés et sur la qualité de la réglementation en matière de concurrence.
Force est de rappeler que le Conseil n’a pas vocation à se prononcer sur le niveau des prix mais il lui appartient de s’assurer que leur détermination se fait librement au-delà des tripotages, des ententes et des concertations entre les opérateurs dans le marché. Le dernier cas de l’AMTL est plein d’enseignements. La méconnaissance du droit de la concurrence a poussé cette corporation à donner des instructions sur les prix, ce ici il a valeur un rappel à la loi par le Conseil.
L’intervention du Conseil est d’autant plus décisive qu’il peut saisir la Cour d’appel en cas de doute sur une opération qui présente un risque de concentration. « Il est très rare que le Conseil ait recours à une telle mesure », explique le Secrétaire général, Mohammed Abouelaziz.
Par ailleurs, si le Maroc s’est évertué à mettre en place toute une institution pour veiller au respect des règles du marché, c’est parce que le Royaume a fait le choix d’une économie libérale, dont les principes et les valeurs ne ne sont pas encore suffisamment appréhendées par le tissu économique national.
Ainsi, les opérateurs sont tenus de notifier leurs différentes opérations au Conseil sous peine de sanctions pécuniaires. L’action du Conseil est jugée effective pour autant qu’il est compétent pour recevoir les dénonciations et mener des enquêtes à travers ses rapporteurs dont la vocation ressemble à des cellules des juges d’instruction. Les enquêtes peuvent mener à des sanctions et à des mesures conservatoires.
En ce qui concerne les sanctions, le Conseil peut infliger aux entreprises des sanctions qui peuvent aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires. En cas d’infraction, le Conseil peut saisir le représentant du Parquet près la Cour d’appel de Rabat.