« Il y a quelque temps, le Sénégal a gagné la Coupe d’Afrique et on a tous dit le sacre. Mais il s’est passé un scandale après la victoire ». Ces mots sont de la journaliste à la BBC et militante féministe Awa Cheikh Faye. C’était à l’occasion du colloque-célébration (du 7 au 9 mars) à Eno de Dakar (Mermoz) sur « Les femmes dans la société sénégalaise et le renouveau des études sur le genre et du féminisme ».
Faisant sa communication sur « Femmes et religions : mariage, viol et inceste en Islam ; Au fil de l’actualité : résurgences des violences basées sur le genre, sexisme et activisme féminisme : réseaux sociaux, médias et protection des données personnelles : l’Affaire Falla Paye, Affaire Miss Sénégal, Affaire Adji Sarr », elle a regretté le fait que la presse n’a pas fait état « des centaines de femmes qui ont subi des agressions sexuelles lors des célébrations ».
«J’en parle, parce que j’ai fait un reportage qui doit être diffusé la semaine prochaine. D’autres personnes aussi l’ont fait. On a interviewé des victimes et on a eu des témoignages dans les réseaux sociaux des centaines de femmes qui ont subi des attiuchements. Une fille ici handicapée et victime d’une viole collective à Pikine. Elle a été violée par une dizaine de personnes », révèle Awa Cheikh Faye.
« Des viols, des attiuchements sexuels » constata-t-il
La féministe de soutenir : « Deux femmes que j’ai interviewées ont été également violées, sans compter toutes les autres qui ont subi des attiuchements, et le silence des médias a été assourdissant. Il y a un scandale. Comment quelque chose de cette ampleur peut se passer comme cela, alors que sur les réseaux sociaux, ça a été relayé. »
Selon elle, cette situation « montre à ce point les femmes peuvent être silencieuses, à ce point notre parole nous est volée ». Pis, le journaliste signale que des personnes ont essayé d’en parler sur les réseaux sociaux et sur leur a dit : » Encore vous les féministes ? Vous voulez entacher cette magnifique victoire du Sénégal? » ». Avant de s’empresser de rétorquer : « Parce qu’évidemment, nos souffrances ne comptent pas ? »
Ainsi, elle déplore, une fois encore, la façon dont les médias subissent l’image dont la société traite ses femmes. « Les médias évoluent dans la réalité sénégalaise. Il y a beaucoup de journalistes femmes, ma il y a un réel besoin d’éducation », laisse-t-elle entendre.
Awa Faye