Considérés depuis plusieurs décennies comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, et bien qu’il reste encore beaucoup à faire, le Sénégal et le Bénin connaissent depuis quelques années un effondrement démocratique sous la direction respectivement de Macky Sall (Sénégal) et de Patrice Talon (Bénin).
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Dans cette interview accordée à AfricaGlobe TV à Cotonou, le journaliste Marcel Zoumenou fait le point sur la situation au Bénin. Selon la description du journaliste, on peut observer presque les mêmes phénomènes, avec quelques différences, au Sénégal.
Bien qu’il n’y ait pas à ce jour d’exilés politiques au Sénégal, la même influence qui touche le Sénégal s’exerce depuis longtemps sur le Bénin : intimidations et tentatives de bâillonnement des journalistes, sélection des opposants politiques pour les compétitions électorales, réactivation/création de tribunaux spéciaux pour traquer les crimes économiques présumés et lutter contre le terrorisme.
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Des tribunaux spéciaux aux acronymes quelque peu paronymiques, CREI : (Tribunal pour la répression de l’enrichissement illicite pour le Sénégal) et CRIET : (Tribunal pour la répression des infractions économiques et du terrorisme pour le Bénin). Quelle noble mission que de lutter contre la corruption, les crimes économiques et le terrorisme.
Seulement, dans la pratique, ces instruments juridiques semblent viser à mettre hors d’état de nuire les opposants politiques, chaque président étant censé craindre et redouter secrètement ces opposants au moment des élections.
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Ainsi, une fois ces opposants politiques bien éloignés, chaque régime peut continuer à souffler le chaud et le froid (voir la littérature plus ou moins récente sur les deux pays). Bien sûr, certains cas peuvent ne pas être des procès politiques.
Au final, les deux vitrines de la démocratie que furent le Bénin et le Sénégal dans le passé, ainsi que le Cap-Vert et le Ghana, voire le Nigeria en Afrique de l’Ouest, s’effritent dangereusement. Mais les hommes passeront toujours et les pays continueront.
Suivez cette interview jusqu’au bout sur le cas du Bénin. N’avez-vous pas l’impression que Marcel Zoumenou parle presque du Sénégal à bien des égards ?
Directeur du quotidien La Nouvelle Tribune, qui fait partie des médias rebelles fermés sous le régime de Patrice Talon, Marcel Zoumenou est le secrétaire général de l’Observatoire de la déontologie et de l’éthique dans les médias (ODEM), l’organe d’autorégulation des médias au Bénin.
Dans une autre interview, Marcel a précisé que La Nouvelle Tribune a dû céder aux attaques du régime après plusieurs années de fermeture.
Il est également l’un des rares journalistes qui, depuis des années, accepte de participer à des émissions de télévision avec une opinion qui n’est pas celle souhaitée par le système. Et il y a un prix à payer pour avoir une opinion différente.