Louer au Sénégal, un gros problème. Leurs relations sont souvent très tendues. Cependant, les locataires dépendent de plus en plus des agences pour trouver un logement.
Les agences immobilières fleurissent dans la capitale sénégalaise. Il est difficile d’aborder une rue de Dakar sans voir une agence immobilière à proximité. Une situation qui témoigne suffisamment du bon business de ceux qui gèrent ces agences. Mais aussi la politique de promotion immobilière menée par l’Etat du Sénégal depuis plusieurs années.
La population de Dakar, estimée à 40 000 en 1926, est aujourd’hui d’environ 4 millions. La masse des populations débarquant dans les espaces urbanisés nécessite la construction de logements qui contribuent à l’expansion urbaine et, par extrapolation, l’implantation d’agences immobilières.
En effet, le logement reste le principal moteur de l’expansion spatiale des villes sénégalaises. Cependant, les conditions d’accès au logement sont très différentes selon la catégorie sociale. Les classes aisées et les fonctionnaires (classe moyenne) ont souvent été privilégiés dans les programmes étatiques mis en œuvre par les sociétés immobilières. Pour les pauvres, cependant, la seule perspective qui existait était celle de trouver un logement par eux-mêmes, très souvent illégalement. Cette catégorie, qui peine à joindre les deux bouts, a souvent du mal à honorer ses engagements envers les donateurs. Ce phénomène de conflit permanent entre propriétaires et clients pousse les premiers à confier leurs biens à des agences.
Ce fait ne résout pas toujours le problème. Il est souvent courant de voir des directeurs d’agence se disputer avec leurs clients avant qu’ils ne soient obligés de partir. Leur principale source de conflit est le niveau de commission que les clients paient avant de prendre le bâtiment. En effet, beaucoup de ces clients trouvent cette commission illégale. Il n’a aucune base légale. « Les commissions sont pour les services rendus. Dans ce cas aucun service client n’est assuré, l’agence n’assure le service qu’au propriétaire, gérant son bien. Je suggère aux locataires de se lever pour le signaler. Ce que font les agences n’est rien de plus qu’un crime d’enrichissement sans cause. Il faudrait convaincre les juges de régler cette affaire », dénonce un locataire, rencontré dans la banlieue dakaroise.
De leur côté, les gérants des agences ne manquent pas de jeter la vanité dans le jardin de leurs clients. Le retard de paiement et son irrégularité, les sous-locations irrégulières, le mauvais entretien des locaux, mais aussi le refus des locataires de prendre en charge la TEOM (taxe sur l’élimination des ordures ménagères), sont, entre autres plaintes, déplorés par les agences. « Ces situations ont un impact négatif sur les relations avec les propriétaires », révèle le directeur de l’agence Téranga, Mouhamadou Lamine Bara Lô. Son collègue de l’agence Xeweul, Roberto Mendy, déplore « l’intermédiation irrégulière et cachée » qui est souvent source de conflits entre agences et locataires.
Pour soulager les locataires, le président de la République, Macky Sall, avait promulgué, en janvier 2014, une loi pour baisser le prix du loyer. Six (06) ans plus tard, les locataires souffrent toujours du coût élevé des loyers dû aux rocades empruntées par leurs propriétaires. « L’application de cette loi pose d’énormes difficultés. A l’heure où certains bailleurs respectent scrupuleusement la loi, d’autres usent de subterfuge pour la contourner », a déclaré le président de l’Association sénégalaise de défense des locataires (ADLS), Elimane Sall. clivage longtemps causé par la flambée des prix des loyers. Aujourd’hui, il existe de nombreux différends entre propriétaires et locataires sur la lecture de la loi sur la baisse des loyers. Son applicabilité continue de poser d’énormes difficultés et les locataires sont toujours dans l’embarras », a-t-il ajouté.
Face à ce sentiment d’impuissance, l’État a adopté une nouvelle stratégie. Lors d’une réunion sur le sujet le 16 novembre, la ministre du Commerce, Aminata Assome Diatta, entend proposer la mise en place d’un Observatoire dédié aux questions canoniques compte tenu de la complexité de la question et de son importance. « Nous proposerons au Président de la République la mise en place très rapide de l’Observatoire des loyers au Sénégal », a-t-il déclaré à l’issue de cette rencontre avec les opérateurs immobiliers. Or, pour le président de SOS Consommateur, Me Massokhna Kane, cette proposition du ministre n’est pas très pertinente pour régler le problème. « Non ! L’observatoire des loyers n’est pas la solution », écrit-il dans une contribution.
L’habitat en constante évolution
Très vite, le secteur du logement occupe une place importante dans le processus de développement du pays. En effet, le gouvernement du Sénégal a mené de nombreuses actions dans ce domaine, notamment en termes d’infrastructures, d’équipements collectifs et de production de logements.
Ainsi est né en 2009 le projet « Une Famille, Un Toit » (PFT) au sein du Ministère de l’Aménagement Urbain de l’Habitat et du Cadre de Vie, avec le décret n°015412 pour satisfaire la demande de logements exprimée par les populations. Le PFT visait à faciliter l’accès à un logement décent pour les Sénégalais à faible et moyen revenu.
Si l’accès au logement reste une préoccupation majeure pour la majorité de la population sénégalaise, force est de constater que des progrès ont été réalisés dans ce domaine. Le président de la République, Macky Sall, lors d’une réunion en octobre 2017, a demandé aux acteurs du secteur immobilier de relever le défi d’une « production suffisante » de logements pour satisfaire toutes les couches sociales. A partir de cette déclaration, et même avant cela, les acteurs du secteur immobilier sont confrontés à cette tâche difficile dans un pays où tout est urgent.
Au Sénégal, il est à noter que les principaux acteurs du logement sont, entre autres, les Ministères, la SICAP, la SN-HLM, les collectivités territoriales, la BHS, la Caisse des Dépôts et Consignations, les fonds mobiles pour le logement social, les promoteurs privés, les bailleurs de fonds, les ONG, coopératives d’habitation, opérateurs étrangers en partenariat public-privé (PPP), émigrés. Ils œuvrent tous pour la promotion immobilière afin de soutenir la production de logements.
Babacar automne