La prédominance de l’actualité politique occulte souvent les questions économiques et stratégiques qui méritent d’être débattues. C’est le cas de la candidature du Sénégal aux BRICS, le groupe de pays émergents composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud. Alors que le silence règne à Dakar, la nouvelle circule publiquement à Pretoria.
Lors d’une conférence de presse lundi 7 août, Naledi Pandor, ministre sud-africain des Affaires étrangères et des Relations internationales, a dévoilé une liste d’une vingtaine de pays candidats à l’adhésion aux BRICS. Parmi eux, le Sénégal, mais aussi d’autres nations africaines comme le Nigeria, l’Algérie, l’Égypte et le Maroc (ce dernier a officiellement démenti). Il y a aussi des puissances asiatiques comme l’Arabie Saoudite et l’Iran. La question de l’intégration sera abordée par les quatre pays (Poutine est absent) lors du sommet des BRICS qui se tiendra en Afrique du Sud à partir de demain (22-25 août).
→ LIRE AUSSI : Finale des pré-qualifications olympiques : c’est fini entre le Sénégal et le Cameroun
Les BRICS représentent environ 42 % de la population mondiale, près de 30 % de la superficie du globe, 27 % du PIB mondial et 20 % du commerce international », indique Media24. Ces pays tentent principalement de réduire leur dépendance à l’égard du dollar américain afin d’accroître leurs marges. À cette fin, une banque appelée New Development Bank (NBD) a été créée en 2015.
Selon Financial Afrik, cette banque a annoncé le 15 août l’émission d’obligations libellées en rands sud-africains sur le marché du pays. Reste à savoir où se situe le Sénégal parmi ces puissances économiques. Malgré le terme « émergent » largement utilisé, l’ONU a classé le Sénégal en 2022 parmi les 46 pays les moins avancés du monde, c’est-à-dire les plus pauvres. Dakar affirme avoir déjà entamé le processus de sortie de cette catégorie et espère obtenir bientôt un autre statut. Notre intention est d’entamer la stratégie de sortie en tirant parti de notre statut de PMA », a déclaré le ministère de l’économie. En attendant, le Sénégal reste économiquement modeste.
→ LIRE AUSSI : Ngouda Mboup est catégorique : « Le Sénégal n’est plus une démocratie !
Cependant, il pourrait jouer un rôle stratégique, notamment pour la Chine et la Russie, qui tentent d’accroître leur influence en Afrique face au bloc occidental. La position géographique du Sénégal pourrait être un avantage pour les BRICS. Partisan du non-alignement, le Sénégal cherche à diversifier ses partenaires dans un monde plus que jamais divisé en pôles moins homogènes. Cependant, l’échec de la mise en place d’une monnaie unique au sein de la CEDEAO indique clairement qu’il ne sera pas facile pour un pays de la zone CFA d’accéder à la souveraineté économique.
→ LIRE AUSSI : Fièvre hémorragique de Crimée-Congo : le Sénégal enregistre un cas de décès