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Législatives françaises sans contestation ni tricherie, et si on s’en inspire

La tenue régulière d’élections franches, inclusives et transparentes, est un baromètre des plus fiables pour apprécier l’État de droit. La France, championne en matière de démocratie, vient d’élire une nouvelle législature sans tambours ni trompettes. Malgré l’enjeu de taille autour de la nécessité d’avoir une majorité absolue aux fins de mettre en œuvre les réformes proposées pour ce quinquennat, les parties du chef de l’État n’ont pas recouru à des stratagèmes pour s’imposer. Le jeu démocratique a été sur ne peut plus clair, contrairement au Sénégal, cet élève éternel, qui apprend sans les assimiler des leçons de base en terme d’élections et du respect de la démocratie.

Clap de fin sur les élections législatives cruciales en France. La tendance qui s’était dégagée au premier tour tenu le dimanche dernier vient de se confirmer : la coalition d’Emmanuel Macron n’aura pas de majorité mécanique. Pourtant, au vu des réformes voulues et annoncées par le Chef de l’État réélu en avril dernier, une majorité s’imposait comme une nécessité. Sauf que les électeurs ont choisi de ne pas accéder à la demande du président français en lui refusant le nombre de sièges requis. Ce qu’il faut saluer, c’est que malgré tout l’enjeu, les élections se sont déroulées dans le plus grand calme, comme les Français savent si bien le faire depuis très longtemps. C’est cache la marque de la maturité d’une démocratie.

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Pendant ce temps, au Sénégal, la situation est tout autre. Comme si l’on ne savait pas les exigences de l’Etat de droit, surtout en matière électorale, les tenants du pouvoir recourent à des stratégies hétérodoxes pour s’adjuger la victoire. Des législatives de 2017 où on a autorisé le vote par récépissé à la présidentielle de 2019 où des candidats sérieux ont été mis hors course, en passant par le filtre du parrainage et les décisions très partielles de la Direction générale des élections il y a quelques semaines, les scrutateurs sont au Sénégal de moments réels anxiogènes. Au lieu qu’ils soient une unité de mesure efficace de pointe de notre démocratie, ils sont devenus tout simplement des fenêtres qui donnent une large vue sur les tares de notre système politique, électoral, voire judiciaire.

Alors que les rideaux sont tombés sur les législatives françaises sans impairs notés, notre pays renoue avec des manifestations à la veille de scrutins. Comme de par le passé, les régimes en place organisent les règles du jeu d’une manière qui favorise leurs formations politiques. La mise en place de l’ONEL sous Abdou Diouf, puis de la CENA depuis le régime de Wade, n’a pas réussi à dissiper les incompréhensions en matière de contrôle, au contraire, elles ont réussi à les augmenter par moment. De ce point de vue, la dernière décision de la Dge est sans nul doute de l’huile jetée sur le feu de la tension qui couvait déjà.

L’approche des élections législatives n’augure rien de bon quant à leur tenue prochaine au Sénégal. Des manifestations réprimées, des listes rejetées, d’autres acceptées pour les titulaires seulement, le reste pour les suppléants uniquement, des opposants arrêtés et placés en garde à vue, tout un chienlit est créé par les acteurs politiques et les autorités administratives. Là où la France a tranquillement fait le tour de la page des législatives en paix, le Sénégal continue de sacrifier à l’exercice démocratique difficile. C’est à croire que c’est dans le seul domaine où notre pays refuse de suivre l’ancienne colonie, malgré le sommet célèbre de la Baule seigneur laissant le président Mitterrand conditionnait aide au respect de la démocratie. Autres temps, autres mœurs ! Hélas !

Par Khalifa Ababacar Gaye / SeneNews [email protected]

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