Lors du procès contre Mame Mbaye Niang dans l’affaire des 29 milliards de FCFA du Prodac, Ousmane Sonko a été jugé et condamné à deux mois de suspension et à une amende de 200 millions de FCFA. Pour renforcer sa défense dans cette affaire, qui a fait l’objet d’un non-lieu le 30 mars dernier, le leader de Pastef s’était tourné vers Juan Branco, connu pour son soutien au mouvement des Gilets jaunes en France. Malheureusement, ce dernier n’a pas plaidé.
Et pour cause, Me Banco a été refoulé à son arrivée à l’aéroport Blaise Diagne de Diass (AIBD). Les autorités sénégalaises refusent de le laisser entrer dans le pays et de le laisser séjourner à Dakar. L’argument avancé est que Juan Branco a été expulsé à son arrivée pour appel à l’insurrection et outrage au chef de l’Etat.
→ LIRE AUSSI : Le ministère de l’Intérieur s’explique sur l’expulsion de Juan Branco, l’avocat de Sonko
» L’audience du 30 mars déterminera l’avenir du Sénégal, sa transformation en désert démocratique, et l’arrivée ou non au pouvoir du tyran Macky Sall. Quatorze martyrs regarderont par-dessus les épaules des juges, vers ceux qui les commanderont. Devant eux, le peuple. Pour des millions de personnes » . Ce sont ces mots qui ont poussé les autorités de l’Etat à mettre l’avocat du leader de Pastef sur un vol. SeneNews se demande si l’Etat du Sénégal n’a pas commis une erreur en excluant l’avocat Juan Branco.
Le journaliste et politologue Ibrahima Bakhoum estime que : » L’Etat aurait été mieux inspiré de laisser Juan Branco se déclarer. Quitte à écrire un texte très fort pour lui dire que le Sénégal reste le Sénégal avec ses institutions et que son appréciation de la gouvernance du pays n’est pas son problème’. » .
→ LIRE AUSSI : Rejeté, Juan Branco, l’avocat d’Ousmane Sonko, règle ses comptes sur Twitter
Bakhoum a déclaré que le contexte actuel a montré que, dans de nombreux cas, Juan Branco est plus qu’un avocat, mais une arme médiatique puissante. Sa notoriété est d’ailleurs due à son succès loin des médias. » Mais je comprends aussi qu’une personne comme Juan Branco, qui a une voix si forte, soit laissée dans une situation où elle pourrait commencer à critiquer plus durement la gouvernance sénégalaise. Dans le contexte actuel, le pays n’a même pas besoin de cela. L’État n’a pas besoin de quelqu’un d’étranger pour ajouter une bataille supplémentaire. Nous entendons ici au Sénégal, comme dans la diaspora, des Sénégalais critiquer le gouvernement du Président Macky Sall, et les autorités ne veulent pas que cela dégénère davantage.Le politologue a déclaré.
L’activisme de Juan Branco a laissé des traces dans plusieurs affaires. La plus connue est celle de certains Gilets jaunes ou de Tayeb Benabderrahmane, en ce qui concerne ses affaires françaises. A cet égard, M. Bakhoum estime qu’en : » décidant de ne pas recevoir Juan Branco, cela va encore compliquer les choses, parce qu’on va continuer à dire que l’Etat du Sénégal a expulsé un avocat qui était venu plaider la cause de l’opposant Ousmane Sonko. Et cette affaire de diffamation continue à être de plus en plus politique et de plus en plus internationale. De ce point de vue, l’Etat aurait mieux fait de permettre à Juan Branco de plaider, mais surtout d’éviter que ce genre de chose ne se reproduise. Car, dans la même affaire, il y a un autre avocat qui a été suspendu. Mais cela reste du ressort de l’Ordre des avocats. » .
→ LIRE AUSSI : Urgent : L’avocat d’Ousmane Sonko, Juan Branco, révoqué (Bassirou Diomaye Faye)
En résumé, l’analyste est convaincu que l’expulsion de Juan Branco n’est pas une bonne décision tant du point de vue judiciaire que politico-médiatique.