Le principal opposant du président Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo, s’est vu interdire de quitter la Guinée pour le Mali, où il prévoyait d’assister aux funérailles d’un ami et éminent homme politique, a-t-il déclaré jeudi.
M. Diallo, malheureux challenger du président Condé à l’élection présidentielle du 18 octobre, avait l’intention de s’envoler mercredi soir pour Bamako via le Sénégal pour participer à l’enterrement, prévu vendredi, de l’opposant malien Soumaïla Cissé, décédé des suites du Covid-19. , a-t-il rapporté dans un message diffusé par ses collaborateurs.
Les employés du guichet d’Air Sénégal ont informé l’un de ses collaborateurs, puis M. Diallo lui-même que, « sur recommandation du commissaire de l’aéroport, la compagnie n’était pas autorisée à accomplir les formalités », a-t-il précisé.
Les efforts de M. Diallo pour voir le policier avant la clôture de l’enregistrement ont été infructueux, a-t-il ajouté.
Le ministère de la Sécurité n’a pas répondu aux demandes de l’AFP.
Une proche collaboratrice de M. Diallo, Nadia Nahman, a souligné qu’aucune interdiction de quitter le pays ne lui avait été officiellement notifiée avant son voyage. Mais « maintenant c’est une jurisprudence » que d’autres opposants ont dû connaître, a-t-il noté.
M. Diallo a parlé d’acte « arbitraire ». Il a précisé qu’il figurait sur la liste des amis qui devaient prendre la parole aux obsèques de Soumaïla Cissé.
La Guinée est en proie depuis des mois à une crise provoquée par la candidature d’Alpha Condé pour un troisième mandat consécutif à la tête du pays.
M. Condé, 82 ans, a été déclaré vainqueur du premier tour de l’élection présidentielle par la Cour constitutionnelle. M. Diallo revendique la victoire et assure que les résultats ont été truqués.
Quatre dirigeants du parti de Diallo arrêtés en novembre ainsi qu’un autre opposant pour implication présumée dans les violences entourant les élections présidentielles sont toujours en détention. Mercredi, le parquet a requis cinq ans de prison ferme contre deux autres opposants accusés d’avoir déclenché une insurrection pour empêcher la réélection de Condé.
Amnesty International et Human Rights Watch dénoncent régulièrement les violations des droits humains revendiquées par les autorités guinéennes, qui les accusent à leur tour de partialité.