bLe Luxembourg a proposé mercredi une modernisation des règles budgétaires de l’UE, unanimement jugées obsolètes, pour tenter de satisfaire la demande de flexibilité des pays du Sud et le besoin d’un carcan commun apporté par l’Allemagne.
Ces règles, rassemblées dans le Pacte de stabilité, datent de la fin des années 1990.
Trop complexes, trop rigides et mal appliquées, elles n’ont pas empêché l’explosion des dettes des pays membres, freinant les investissements et la croissance après la crise financière de 2008.
La Commission européenne a présenté mercredi une proposition législative pour les simplifier et les adapter aux réalités économiques.
Le texte reprend les grandes idées déjà présentées en novembre. En particulier, les limites emblématiques fixées pour le déficit public des États membres à 3 % du produit intérieur brut et pour la dette publique à 60 % du PIB sont maintenues.
Mais, pour encourager l’investissement, la Commission veut laisser aux Etats une plus grande liberté dans la politique à mettre en œuvre pour assurer la soutenabilité des finances publiques.
« Nous tenons compte des situations spécifiques de chaque pays en garantissant une égalité de traitement entre les Etats membres », a déclaré le commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni, lors d’une conférence de presse.
Les règles actuelles n’ont pas été respectées. Ils ont fourni des trajectoires correctives si sévères qu’ils imposeraient une cure d’austérité destructrice aux pires pays. Les procédures de déficit excessif peuvent théoriquement conduire à des amendes, mais n’ont jamais été mises en œuvre dans la pratique.
En pratique, les États membres présenteront leur trajectoire d’ajustement, accompagnée de propositions de réformes et d’investissements, sur une période d’au moins quatre ans.
Berlin demande un minimum d’effort
Il sera évalué par la Commission et les autres États membres et fera l’objet d’un suivi annuel. Les efforts de réforme et d’investissement seraient récompensés par la possibilité d’étendre la période d’ajustement budgétaire à sept ans, permettant une réduction plus facile des dépenses.
Le suivi portera sur l’évolution des dépenses, indicateur jugé plus pertinent que celui des déficits qui peut fluctuer en fonction de la conjoncture économique.
Mais pour les Etats dépassant les seuils de 3% ou 60%, Bruxelles définira également une trajectoire de référence visant à ramener et maintenir le déficit public en dessous de 3% « à moyen terme ».
Surtout, pour plaire à l’Allemagne, la Commission a ajouté l’obligation pour ces pays de faire un effort minimum pour réduire le ratio dette/PIB de 0,5% par an « à condition que le déficit dépasse 3% ».
Il existe cependant des clauses de dépassement temporaire des règles en cas de crise économique grave.
Le Pacte de stabilité avait été suspendu début 2020 pour éviter un effondrement de l’économie européenne frappée par la pandémie de Covid. Malgré la guerre en Ukraine, il devra être réactivé fin 2023.
La dette des pays de l’UE s’est envolée après la crise financière de 2008, puis à nouveau après la crise du Covid en 2020. Elle atteint désormais près de 150 % du PIB en Italie et environ 110 % en France, bien au-dessus des seuils maximaux fixés.
Dans le même temps, l’Europe a freiné ses efforts dans la transition numérique, verte ou de défense et subit toujours un ralentissement économique par rapport à l’Asie ou aux États-Unis.
Si tout le monde s’accorde à dire que les règles existantes ont échoué, la Commission tente de trouver l’équilibre entre deux camps opposés.
Les pays dits « frugaux » d’Europe du Nord, Allemagne en tête, demandent une application plus rigoureuse du pacte. Ils craignent une mise en œuvre politisée et trop accommodante de la part de la Commission.