UNMardi, des centaines de milliers de Français sont à nouveau descendus dans la rue pour répondre aux appels des syndicats à manifester contre la réforme des retraites du gouvernement. Une fois de plus, il y a eu des annulations de trafic et des incapacités dans la vie publique.
Dans le monde du travail, il n’y a eu que quelques restrictions dans de nombreuses entreprises en raison de l’augmentation du nombre de travailleurs à domicile, mais les grèves, qui se poursuivent depuis des semaines par les entreprises d’élimination des déchets et les travailleurs des raffineries, quittent toujours le signe. À Paris, environ 7 000 tonnes de déchets continuent de s’accumuler dans les rues et, à l’échelle nationale, environ une station-service sur six est en panne d’essence ou de diesel.
D’un point de vue politique, il n’y a aucun signe de rapprochement substantiel entre le gouvernement français et les représentants syndicaux. La réforme des retraites ne sera pas suspendue, ont cité mardi après-midi des médias du cercle de la Première ministre Elisabeth Borne, même s’ils sont ouverts à trouver « d’autres voies ».
Les syndicats, qui ont pu s’attendre ces derniers temps à une large volonté de dons et dont les fonds de grève ont enregistré une rentrée de plus de 2,5 millions d’euros depuis début janvier, ne pouvaient et ne voulaient pas s’en contenter.
« Le pays ne peut pas rester immobile »
Il faut se demander qui ne veut pas de dialogue, a posé sobrement Laurent Berger, secrétaire général du syndicat CFDT, qui compte le plus grand nombre d’adhérents. Mardi matin, Berger a appelé le gouvernement à suspendre la réforme des retraites via la radio française « France Inter », qui a la plus large portée.
« Vous devez prendre un mois, un mois et demi pour demander à une, deux, trois personnes de faire la médiation, d’arbitrer, d’aller de part et d’autre et de dire : ‘Qu’est-ce que vous voulez ?' », a-t-il dit. L’objectif doit être de « sortir du blocus » après qu’un « compromis social » n’ait pas été recherché. Sinon, les protestations ne feraient que s’intensifier.
Les façades restent durcies. Le président Emmanuel Macron a déclaré vendredi lors d’un sommet européen à Bruxelles qu’il souhaitait discuter avec les syndicats d’un certain nombre de questions, que le Conseil constitutionnel se tourne vers la réforme des retraites d’ici début ou mi-avril. Avec un « Le pays ne peut pas rester immobile », il ne laisse aucun doute sur le succès du projet.
Le Premier ministre Borne a également échoué dimanche à calmer les esprits des opposants à la réforme en promettant de tenir des pourparlers dans les trois prochaines semaines et de s’abstenir à l’avenir d’appliquer le controversé paragraphe 49.3 de la Constitution, qui permet de voter des lois sans vote final. D’une part, les pourparlers ne doivent pas porter sur la réforme des retraites à proprement parler, d’autre part, les textes budgétaires doivent rester exempts de la promesse parlementaire.
Pendant ce temps, les manifestations de rue deviennent de plus en plus violentes – et le ton déjà dur devient de plus en plus dur. Fabien Roussel, chef du Parti communiste français, a accusé le président Emmanuel Macron de créer un « climat de guerre civile » pour renverser l’opinion publique. Le chef du Rassemblement national de droite, Jordan Bardella, a témoigné de la « joie pathologique du président devant ce gâchis et ce chaos ».
Jean-Luc Mélenchon du parti de gauche La France Insoumise a suscité une indignation particulière de la part du gouvernement. Mélenchon a accusé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin d’avoir « organisé les troubles » après que de violents affrontements ont éclaté entre manifestants et policiers au sujet d’une installation de stockage d’eau écologiquement conçue à Sainte-Soline dans le sud du week-end – ouest de la France.